Vous venez d’acquérir votre première palette d’aquarelle, et ne sachant pas quoi peindre, vous vous mettez à faire comme tout le monde, un nuancier. Les réseaux sociaux débordent d’aquarelliste débutant qui exhibent tout fier leur nuancier fraichement peins. Un travail long qui demande beaucoup de patience permettant de « gâcher » de la peinture. Mais alors, pourquoi faire un nuancier de ses couleurs ? La question est de savoir si ça vaut vraiment le coup de perdre son temps à mélanger des couleurs entre elles pour en faire de petites cases. Dans cet article nous allons voir les différents types de nuanciers d’aquarelle que vous pourrez réaliser et surtout leur intérêt.
Table des matières 👉
Qu’est-ce qu’un nuancier d’aquarelle ?
Un nuancier est un support vous permettant de retrouver une couleur facilement, c’est-à-dire de retrouver comment obtenir une couleur à partir de plusieurs pigments et ainsi gagner du temps. On le construit en mélangeant des couleurs de votre palette entre elles et en l’appliquant le plus souvent sous forme de tableau plus ou moins complexe.
Le matériel pour créer vos nuanciers
Un nuancier s’utilise donc il faut le penser pratique pour vous. Dans la suite de l’article, je vous détaille les différents nuanciers que vous pouvez créer et chacun a son utilité. Vous ne les créerez pas tous sur le même support. Certains resteront dans la palette afin de l’avoir toujours sous la main, d’autres peuvent être affichés pour les avoir sous les yeux au moment où il faut choisir ses couleurs, d’autres peuvent être rangés dans un classeur. Certaines personnes dédient même des carnets pour les nuanciers.
Nous travaillerons en humide sur sec, mais l’utilisation de papier coton est suffisant pour réaliser votre nuancier, vous ne faites pas une œuvre d’art même si vous pourrez l’afficher.
- du papier aquarelle cellulose 300g ou carnet aquarelle ou même des chutes de papier (coton ou cellulose)
- un pinceau rond taille moyenne (6 ou 4) ou un pinceau plat,
- vos peintures aquarelle (1/2 godets ou tubes)
- une règle,
- un crayon à papier ou feutre noir fin insoluble ou masking tape (je vous montre différente façon de procéder),
- deux pots d’eau : un pour prélever de l’eau propre et un pour nettoyer le pinceau,
- de l’espace sur votre palette pour réaliser tous vos mélanges,
- du papier essuie-tout ou chiffon,
- un feutre noir waterproof,
- et surtout de la patience.
Comment effectuer vos mélanges et déposer vos couleurs sur la feuille ?
Avant d’attaquer nos nuanciers, je voudrais vous expliquer comment procéder pour mélanger vos peintures et comment les appliquer sur votre feuille.
Si vous avez des peintures en godet, hydratez-les en y déposant une goutte d’eau ou en vaporisant de l’eau à l’aide d’un vaporisateur. Ensuite, prélevez des pigments et déposez-les sur votre palette. Rincez votre pinceau et recommencez avec votre deuxième couleur, mais déposez votre pigment à côté. En fait, le mélange s’effectue entièrement ou partiellement en fonction du résultat que vous souhaitez obtenir. En mélangeant à parts égales vous obtiendrez la couleur secondaire. Si le mélange est disproportionné, vous obtiendrez une couleur secondaire avec un penchant vers l’une ou l’autre couleur.
Si vous utilisez de la peinture en tube, celle-ci est prête à l’emploi. La procédure est la même que pour les godets.
Avec la pratique, vous développerez l’instinct de la quantité à incorporer dans vos mélanges en fonction de vos attentes.
Nuanciers aquarelle : les différents types
Le nuancier de votre palette
Vous venez d’acquérir une palette et la première chose à faire est de réaliser un nuancier de vos couleurs aquarelle afin de connaître le rendu de la couleur une fois sèche et accessoirement de piocher dans le bon godet. En effet, le godet de couleur est une superposition de pigments et beaucoup se ressemblent.
Réaliser un nuancier à glisser dans sa palette (ou nuancier de placement)
Commencez par découper un morceau de papier cellulose à la dimension de votre palette afin qu’il tienne à l’intérieur de celle-ci.
L’idée est de recréer votre palette sur votre papier. Pour cela, tracez le même nombre de ligne et de colonnes, afin de vous y retrouver facilement.
Si vous les connaissez, je vous conseille d’indiquer le nom au-dessus de votre couleur et toute indication qui vous intéresse.
J’ai tracé les lignes au crayon à l’aide d’une règle, mais si vous avez du masking tape de petites épaisseurs vous pouvez l’utiliser pour créer des délimitations.
Ne peignez pas les cases d’à côté avant que la première ne sèche ou laissez un blanc pour ne pas que les couleurs se touchent. L’utilisation d’un masking tape de petite épaisseur peut être intéressante avec un beau rendu.
Réalisez le nuancier des nuances de votre palette
A l’aquarelle, diluer une couleur à l’eau permet de l’éclaircir. De cette manière on obtient de beaux dégradés. Mais réaliser un nuancier de dégradé permet aussi de se rendre compte des nuances possibles d’une seule couleur seulement en ajoutant de l’eau.
Après avoir hydraté vos godets ou déposé de la couleur de votre tube sur votre palette, prélevez du pigment et posez-le sur votre papier. La peinture n’est pas diluée (ou le moins possible). Ensuite, trempez votre pinceau dans l’eau sans l’agiter et essorez-le sur le bocal. Puis appliquez la couleur. Ainsi de suite. Le but étant d’arriver à la couleur de l’eau 🧐.
Une autre façon de procéder sans doute plus longue est de déposer une goutte d’eau à chaque fois sur votre palette.
Vous pourrez observer un truc étonnant avec l’aquarelle, les couleurs claires ont tendance à s’assombrir en séchant et les couleurs foncées à s’éclaircir.
Créez votre base de données de couleur : les cartes de couleurs
Ce n’est pas vraiment un nuancier, mais la création d’une base de données de vos couleurs. J’ai commencé à la créer quand j’ai acheté des aquarelles en tubes en vrac (qui ne sont pas rangés dans une palette). Cette collection est constituée de fiches comprenant :
- la couleur,
- le nom usuel de la couleur,
- les caractéristiques de la couleur (nom et numérotation du pigment, opacité, résistance),
- une nuance et/ou un glacis.
L’avantage à se constitué une base de données sous forme de fiche est de pouvoir piocher afin de comparé les couleurs en les mettant cote à côté ainsi que sur votre référence. C’est très utile lors du choix de vos couleurs pour la réalisation de vos tableaux.
Pour aller plus loin, effectuer les mêmes fiches avec vos mélanges préférés. Beaucoup d’aquarellistes avertis utilisent une palette restreinte avec des couleurs de bases (les primaires et quelques couleurs qu’ils affectionnent) et effectuer les fiches permet de garder une trace de ses mélanges favoris.
Pour la taille de vos cartes, je conseille un format carte de visite (5,5 cm x 8,5 cm) ou carte à jeu d’enfants (environ 6 cm x 8 cm) afin d’avoir une taille standard et pouvoir les ranger plus facilement. Par exemple on trouve des pochettes pour ranger les cartes de visite ou les cartes pokémon. On peut aussi les ranger dans une boite assez facilement ou encore les perforer pour les accrocher avec un anneau.
Le nuancier des mélanges de couleurs de votre palette
Ce nuancier vous permet d’observer le panel de couleurs que vous pouvez créer avec votre palette. Plus vous avez de couleur, plus il vous faudra vous armer de courage pour l’effectuer :).
Pour le nuancier des mélanges de couleurs, on va utiliser un tableau à double entrée. L’idée est de mélanger chacune des couleurs avec toutes les autres afin d’observer la création d’autres couleurs.
Pour la palette Cotman Winsor & Newton 12 couleurs, nous allons créer un tableau avec 13 colonnes et 13 lignes. J’ai effectué ce nuancier sur un carnet, car maintenant j’utilise cette palette exclusivement à l’extérieur.
Remplissez la case de chaque début de ligne et en haut de chaque colonne de la couleur de base. Ensuite effectuez les mélanges les un après les autres jusqu’à remplir le tableau dans son intégralité.
Vous remarquerez que les couleurs au-dessus et en dessous de la diagonale sont les mêmes alors vous pouvez mettre la couleur diluée dans la partie basse.
Ce type de nuancier est très long et fastidieux. Il peut-être intéressant au début quand vous ne connaissez pas la théorie des couleurs et que vous le faites pour une palette restreinte. De mon point de vue, il ne sert pas à grand-chose. Je préfère prendre plus de temps pour la réalisation des autres nuanciers que je développe dans la suite de l’article.
Le nuancier des aquarelles complémentaires
Ce nuancier fait partie des plus importants selon moi. En effet, il est beaucoup plus intéressant de foncer une couleur ou la désaturer à l’aide de sa couleur complémentaire que l’ajout de noir. Les complémentaires sont utilisés pour :
- créer les ombres,
- créer du gris ou du marron.
C’est surtout pour cette deuxième utilisation qu’il est intéressant de réaliser un nuancier avec l’ajout progressif de la couleur complémentaire.
Pour réalisez un nuancier des complémentaires à l’aquarelle, il faut déjà connaitre un minimum la théorie des couleurs et avoir construit son cercle chromatique (si vous n’avez pas encore construit votre cercle chromatique, je vous invite à le faire 😉). Les couleurs complémentaires sont des couleurs qui se font face sur le cercle chromatique :
- la couleur complémentaire du rouge est le vert,
- la couleur complémentaire du bleu est le orange,
- la couleur complémentaire du jaune est le violet.
En pratique, c’est un peu plus compliqué, car on se retrouve avec plusieurs versions de chaque couleur ;).
Donc pour construire ce nuancier, il faut déjà que vous créiez votre cercle chromatique et qu’ensuite vous repériez vos couleurs complémentaires. Vous aurez les couleurs complémentaires créées à partir de vos primaires et les couleurs complémentaires déjà présentes dans votre palette.
Pour construire votre nuancier, commencez par mettre un peu de peinture sur votre palette puis remplissez le premier carré de la ligne avec votre couleur de base.
Placez un peu de couleur complémentaire sur votre palette puis mettez-y une pointe dans votre première couleur et mélangez. Remplissez la deuxième case. Et ainsi de suite vous ajoutez peu à peu de la couleur complémentaire jusqu’à n’obtenir que la couleur complémentaire. Laissez sécher et observer !
Indiquez bien les couleurs utilisées sur votre tableau au risque de ne plus savoir celles que vous avez utilisées.
Pour aller encore plus loin, rien ne vous empêche de réaliser le nuancier des complémentaires en dilution afin d’observer les nuances que vous obtiendrez. Pour cela, « étalez » votre couleur vers le bas avec de l’eau.
Afin d’éviter les couleurs boueuses et obtenir de beaux gris, mélangez le moins de pigments possible. Utilisez des couleurs monopigmentaires (vous trouverez cette indication sur le tube).
Le nuancier d’une couleur (exemple du vert pour les botanistes)
Ce nuancier fait aussi parti des plus importants à réaliser. C’est un nuancier que l’on retrouve surtout en botanique ou en réalisme. Le but est d’étudier une couleur en particulier sous toutes les coutures. Les aquarellistes botaniques vont réaliser des nuanciers de vert par exemple. Ils vont étudier toutes les façons de créer du vert et les différentes variantes de vert. Ce type de nuancier est pratique, mais aussi très long. Je vous conseille de le faire au fur et à mesure de vos besoins et commencez avec vos couleurs de bases.
Par exemple, je voulais peindre des figues. Les figues sont bleu-violet. Comme je n’aime pas recommencer, j’ai alors posé mes recherches sous forme de nuancier afin de l’avoir au propre et de pouvoir le réutiliser. Ce nuancier peut être agrandi, mais j’ai déjà une belle base de données de mes violets que je pourrais réutiliser plus tard sur un autre projet.
En conclusion, je pense qu’il est intéressant de réaliser des nuanciers, mais seulement si on l’exécute en toute conscience de son utilité et pas simplement parce que c’est ce qu’on voit sur les réseaux sociaux et que ça fait joli. C’est après plusieurs mois de pratique que j’ai sauté le pas des nuanciers, et je n’ai réalisé que ceux dont j’avais réellement besoin. Réaliser un travail aussi long sans savoir ni pourquoi le faire, ni comment l’utiliser par la suite était juste impensable pour moi. Dites-moi en commentaire si vous avez une collection de nuancier ou si vous n’avez pas le courage de réaliser ce travail qui peut aussi vous faire gagner du temps 🙂
Je trouve que le nuancier des mélanges est essentiel à faire. C’est un outil de travail que j’utilise tout le temps. Par exemple, j’ai dû faire un portrait à l’atelier. Je n’ai pas eu de difficulté à faire toutes les couleurs de peau que j’avais besoin grâce à mon nuancier alors que d’autres ont eu beaucoup de difficulté à avoir des couleurs de peau réalistes car ils n’avaient pas fait de nuancier. Cela vaut la peine de prendre le temps de faire un nuancier. Merci pour votre article. Le nuancier des complémentaires est intéressant. Je vais sûrement le faire.
Merci pour votre avis. Je suis d’accord avec vous, il y a tellement de nuances de peau, que le nuancier des couleurs de peau est indispensable pour les portraitiste.
Merci pour cet article. Je suis novice et je me demande s’il est indispensable de réaliser un nuancier pour réaliser une aquarelle ? Merci et bonne journée
La réalisation de ses nuanciers sont une de base pour réussir ses compositions – Site très pédagoque – Merci